Maire-info
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Édition du mercredi 12 septembre 2018
Précarité

Pauvreté : plus d'un Français sur cinq est en situation de précarité alimentaire

« L’intensification de la pauvreté poursuit une tendance inquiétante. »  C’est le constat fait par le Secours populaire suite à la parution, hier, de son baromètre réalisé par Ipsos (1) qui montre que plus d’un tiers des Français (39 % contre 37 % en 2017) ont été confrontés aux « privations multiples »  en 2018 et plus d’un cinquième d’entre eux (21 %) ont du mal à se procurer une alimentation saine pour assurer trois repas par jour.
Ces difficultés sont encore plus importantes pour les plus précaires puisque près d’une personne sur deux (48 %), ceux dont le revenu mensuel net du foyer est inférieur à 1 200 euros, éprouve des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine et variée pour faire trois repas par jour.
Selon 86 % des Français, les difficultés pour s’alimenter est l’indicateur-clé de la pauvreté. « Or, l’alimentation est loin d’être un poste de dépense préservé. Au contraire, face aux dépenses contraintes, comme le logement ou l’énergie, il est de plus en plus souvent une variable d’ajustement », souligne le Secours populaire.
« La crise économique de 2008, la plus grave depuis l’après-guerre, a favorisé une accentuation des inégalités, explique l’association. Ce qui entrave la mobilité sociale des plus modestes, quand on est né au bas de la structure sociale, la reproduction sur plusieurs générations demeure un destin probable. » 
Une analyse confirmée par les chiffres puisque les personnes pauvres ont tendance à devenir de plus en plus pauvres. En effet, les personnes interrogées dont les revenus actuels sont les plus faibles (inférieur à 1 200 euros net mensuels) sont 65 % à avoir été pauvres. Un chiffre « inquiétant »  pour le Secours populaire car « il est sans conteste le marqueur d’une intensification de la pauvreté et de ses risques d’irréversibilité ». « Depuis plus dix ans le baromètre Ipsos-Secours populaire pointe une augmentation constante de ce chiffre », rappelle l’association.
Conséquence logique, les plus pauvres ont « toujours plus de difficultés ». Ainsi, 57 % d’entre eux parviennent difficilement à payer leurs dépenses d’énergie et 45 % leur loyer, leur emprunt immobilier ou les charges de leur logement. Dans le domaine de la santé, 56 % déclarent avoir des problèmes pour payer certains actes médicaux mal remboursés par la Sécurité sociale.
Au final, les Français sondés sont plus de 80 % à penser que leurs enfants ont un risque plus élevé de connaître un jour la pauvreté que leur génération. Ils considèrent ainsi à une écrasante majorité (92 %) qu’il est impératif de préserver le financement de l’aide alimentaire aux plus démunis. Alors que le renouvellement du Fonds européen d'assistance aux démunis (FEAD), qui arrive à échéance en 2020, n'est pas assuré, trois Français sur quatre considèrent que l'Union européenne « ne s'investit pas beaucoup »  dans la lutte contre la précarité alimentaire.
Dans ce cadre, Emmanuel Macron doit dévoiler demain son Plan pauvreté dont les mesures, qui devaient être annoncées en juillet, avaient été reportées. Selon l’exécutif, celui-ci doit être tourné vers la prévention de la pauvreté dès le plus jeune âge et l'accompagnement vers l'emploi. « Il y aura de la dépense pour accompagner mieux les personnes vers leur émancipation », a déclaré la ministre des Solidarités et de la Santé, Agnès Buzyn, dans le but de résoudre les « obstacles qui maintiennent les personnes dans la précarité ».
A.W.

(1) Une étude réalisée, par téléphone du 22 au 26 juin, sur un échantillon représentatif de 1016 personnes âgées de 15 ans et plus

Télécharger le baromètre Ipsos-Secours populaire.




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